C, g et j…
ma jeune sœur se rebellait tôt et avec raison, selon moi. précocement, nous la perdions de vue, du foyer, dès son adolescence. je me souviens que notre père perdait souvent patience. était-ce une résultante de son année passée à l’orphelinat, qui sait ? elle avait des tchums bien avant que j’ai osé regarder les filles, même avec 17 mois plus jeune.
un instant, je me souviens ; dimanche en après-midi à l’ophelinat, j’ai visité mes deux frères dans une salle toute petite, sombre et vieillotte. « C » était absente, sans que je sache pourquoi. j’étais assis-là sur un siège, muet et tendu, avec ma mère et « y », je ne sais trop. mes deux petits frères étaient près de moi et je n’arrive pas à me rappeler quoi que ce soit ; ni de mes gestes et ni de mes mots, rien. cet anecdote cache-t-il des images qui me reviendront un jour ? puis, nous avons laissé-là, « g et j ».
quelques minutes plus tard, un flash, je me retrouvais dehors, près de l’auto. Et tout en haut, sur le perron d’une des étages, j’ai aperçu ma petite sœur, « C ». une nonne la tenait par une main. « C » avait son autre main posée sur son visage. Moi, je lui faisais des signes de la main, timidement, mais convaincue qu’elle me voyait. « C », elle, esquissait des gestes prompts et j’entendais des mots et des sanglots, était-ce des cris ? toutes ces heures me semblent tirer d’un mauvais rêve.
« C » amenait à la maison ses amies de classes. elles étaient jolies mais je n’osais pas les approcher tellement j’étais intimidé. « C », j’enviais son audace et sa liberté d’aisance. Un jour, dans l’arrière cours, elle m’initiât au baiser et dû même répéter la leçon tellement j’étais coincé. un jour de juillet, elle se mariait en portant en elle son premier bébé et en eût trois autres ; 1 gars et 3 filles.
bientôt, elle abandonnait derrière elle son patelin et son passé, pour la grande ville et de nouveaux horizons. elle entraînait avec elle, ses parents, se dénichait un boulot prometteur, devint grand-mère dès l’âge de 39 ans. aux fils des ans, huit petits, plus une vie amoureuse qui se cimente depuis une dizaine d’années. sa carrière professionnelle se poursuit dans tout l’est canadien, comme elle seule sait le faire.
« g », le héros…
depuis un moment, je me demande ce qu’occasionne l’éloignement chez l’individu. pour ma part, je refuse de quitter mon patelin, mais j’en reparlerai, revenons à « g ». « g » m’accuse peut-être avec raison, de ne pas avoir conserver de lien avec lui ; rempli d’amertume et de colère, tout résulte en insatisfaction. sans vouloir présager du futur, puisqu’il m’a accoutumé à tant de changement par le passé, cette souffrance se transformerait en liesse s’il le désirait. il a toujours su retomber mon petit frère. tout jeune, il se redressait comme un bélier. l’auteur de ces lignes se remémore encore l’hospitalisation qu’il avait subit à 2 ou 3 ans. il en était revenu transformé et plus qu’heureux. déjà, l’éloignement l’aurait coupé de sa nature ou de ce qu’il était juste avant ? ensuite, l’orphelinat, avec le cadet et ma sœur, le perturbât de nouveau car encore maintenant, il en témoigne. vous savez, mon petit frère représente le personnage parfait de l’hyperactif. ce sera toujours un être expressif et direct. vite, il effectuait des petits larcins dans les commerces du coin. Les journées d’emplettes, certains achats disparaissaient pour un remboursement aux services clients ; c’était ingénieux, non ? son rendement à l’école soulevait bien des réprimandes ; un jour, le directeur de l’école se plaignit à mes parents, parce que son professeur avait couru après lui dans l’école sans pouvoir le rattraper. Je crois qu’il flirtait avec une délinquance solitaire et que les études pour lui, était du temps perdu. Remarquez bien que les études à la maison, c’était pas la panacée, loin de là.
son mariage ne tardait pas. à l’époque, les mariages obligés devenait une sorte de clé entre parents bien élevés. Oui, leur union religieuse ressemblait à tout ce qu’il y a de classique et leur séparation itou. l’enfant issu de ce passage à l’acte dirons-nous, sympathise avec moi régulièrement et nous demeurons sans cesse en communication. un second mariage survint une dizaine d’année plus tard puis un autre. un soir, une dame me téléphonât pour me demander de rejoindre « g ». je notai ses coordonnées et m’adressai à « g », en lui disant : « écoute, je viens de recevoir l’appel d’une dame, qui est marraine d’une jeune fille de 18 ans qui espère pouvoir rentrer en contact avec toi, son père ». je poursuis en précisant que d’autres unions se sont produites avec le temps et qu’une autre jeune fille l’appel papa.
« g » cuisine comme pas un et ses années à l’école d’hôtellerie lui promettait une carrière plus qu’intéressante. Il occupait plusieurs emplois comme chef. un jour, il quittait notre patelin en tentant différentes avenues. à chaque fois, un succès relatif semblait se manifester, mais un changement immuable se produisait, une continuité. j’aime « g » et j’espère qu’il saura surmonter cette période sombre. un être merveilleux se cache à quelque part en lui, à lui de le dénicher.
« j » comme Jésus…
le cadet de notre famille demeure celui avec qui j’ai une relation continue. je suis un peu son confident, du moins c’est ce qu’il dit. si c’était le vent, une brise vous frôlerait le visage comme en mai, entraînant un parfum insolite. si c’était une rivière, un saguenay, avec une marée d’automne, immergeant le boulevard et tous ses passants, sans qu’ils ne sachent pourquoi. un livre, ce serait robinson crusoé, l’intro, avec tout ce qu’il y a de plus ardus. un outil, ce serait tout un coffre de trucs, un machin pour chaque chose défaite et un feuillet d’instruction, pour tout restaurer. mon frèrôt, comme je l’appelle souvent, demeure loin et même si je ne l’ai pas vu grandir, je le connais plus que quiconque, pour lui avoir parler à toutes les heures du jour et de la nuit, même loin de son patelin.
il épouse une gentille femme, qui n’est plus dans sa vie, depuis une vingtaine d’année. Elle était aussi la sœur de l’épouse d’ « y ». père de trois enfants, la vie se chargeait de les éloigner de lui très tôt. bien qu’il fût séparé d’eux, il a toujours su leurs apporter, le soutien et même esseulé, les comblait de son mieux. maintenant grand-père, il redécouvre la paternité et révèle ce qu’il a toujours été, tendresse. « j » caresse le bois comme un amoureux. fier ébéniste depuis belle lurette, il innove dans l’atelier de son employeur et de plus, se chargeait de l’union, regroupant une centaine de femmes et d’hommes de différentes nationalités.
aujourd’hui, « j » matérialise un rêve, son idéal féminin…
j’oubliais « y ».
ce que je sais de l’aîné se révèlera plus direct. je l’ai vu vieillir et même en étant loin de moi, je n’oublierai jamais les moments exceptionnels de rapprochements. étaient-ce trop compliqué pour nous deux, je le crois vraiment. nous ne pouvions être autrement malgré toutes les tentatives, de ma part du moins. la tradition familiale voulait que le plus vieux affiche rectitude et fermeté. je sais aussi sa fragilité, car même dissimulé en nous, nous ne pourrions tout cacher.
puis, il prît épouse, près du lac ontario et s’ensuivit deux noces mémorables ; l’une british et l’autre, ici dans son patelin. une fille survint, peu après, et même prématurée, elle leurs donnait joie et deux petits enfants.
parfois, il me vient à l’idée que je pouvais être pour lui, un concurrent ou un rival. comme pensionnaire tous les deux en centre d’accueil, nous étions dans deux équipes différentes, moi les lynx et lui, un tigre je crois. une guerre ouverte, jamais, mais des joutes empruntent de gaieté et d’esprit sportif. j’avoue que, parfois, je pouvais lui servir de tête de turc et je ne mordais pas. mon plus beau souvenir avec lui, la cueillette des fraises près du lac ontario. ce boulot de subsistance me convint seulement que cette tâche m’horripilait. j’ai su aussi que pour lui ce l’était et que tout compte fait, nous n’étions pas si différent.