dimanche 28 janvier 2007
la nature de "m" et "p"
Pour « m » et « p », il me semblait tout naturel que leurs discussions banales tourneraient au vinaigre, comme un vin sans nom. Mes souvenirs réciteraient des extraits burlesques, encore très présents, qu’ils n’en préciseraient que balivernes répétées. Je ris encore des recettes de cuisine, le couple cernant le chaudron. Une recette imposait la précision pour l’un et l’autre, la découverte et l’essaie boutefeu. S’il décorait un coin du salon, un duel se dessinait. La fragilité têtue qui les habitait, me semblait une fiction, irréelle. Lui, un importé de la Matapédia et elle, une saguenéenne volontaire et créatrice. Ils ont aussi accompli des faits estimables ; fêtes familiales, sorties carnavalesques et pas de danses multiples. Mes parents personnifiaient le couple idéal et des danseurs émérites. La samba, le tango, le cha-cha-cha, sans oublier le triple swing, les passionnaient tous les samedis soirs. Les amitiés personnelles de mes parents motivaient, ici et là, des pactes et des convenances insoupçonnées, délicates même. Mais pour moi, la parenté maternelle m’aurait suffit tant j’en bénéficiait réconfort et certitude. Les nuits de Noël, les premiers de l’an prometteurs et les noces successives; que de bénédictions, de promesses égarées. Vous savez, ces extraits recelaient bien plus que je ne pouvais discerner.
Tôt, mes parents firent ce que tous réalisaient à cette époque, procréer. En mars 48, l’aîné, « y », me précédait et vint après moi, en juillet 51, ma soeurette « C », la seule et en « majuscule ». Octobre 53 ensuite, « g » et décembre 54« j » vinrent boucler ce qui devait être ma famille. Constatez, les preuves de nuits pénétrantes ne manquent pas, entre m et p. Ceci sans compter les 5 ou 6 fausses couches et avortements involontaires. Ces calamités cachaient une problématique bien plus complexe. Tout jeune, « p » disparu, sans que j’en connaisse la raison. Nous étions tous là pourtant, sauf lui. Un silence complice et généralisé de la parenté recouvrait ces moments nébuleux. Des scènes de tristesses errent et hantent encore mon cerveau comme des clips nouveaux genres. Le temps en a effacé quelques unes, et cela ne facilite pas la compréhension du déjà vu.
Mes frères et moi étions des individualistes peu bavards. Nous regardions certes les partis de hockey ensemble mais nous avions chacun nos amitiés et peu de confidences fraternelles. Ma sœur, elle, s’organisait un univers bien à elle, entrecouper d’entretiens ménagers. C fût la première à s’écarter loin du nid et de sa réalité quotidienne ; fallait-il s’en étonner ?
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